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Claude Celli : Interactions

Les images de science-fiction n’appartiennent plus exclusivement aux arts cinématographique et littéraire. Le peintre Claude Celli nous démontre que le scientifiquement possible intervient également dans l’imaginaire pictural. Il laisse de côté les expériences descriptives pour proposer une société qui dépasse les limites du réel et offre une vision cosmique aux confins de l’impossible. L’artiste redessine le monde pour en exploser les frontières et en explorer les déficiences.

Pour construire sa narration, Claude Celli se réfère au foisonnement des images médiatiques qui défilent inlassablement entre les pages de nos quotidiens et sur nos écrans. Les clichés d’une actualité violente interagissent avec les figures fictives puisées dans les jeux vidéo. Entremêlées, ces images engendrent une vision d’un monde bouleversé. Êtres hybrides, hallucinations visuelles et motifs aguicheurs font appel sans relâche au domaine du rêve. Consciente de sa menace, cette peinture nous agresse pour mieux nous questionner.

En arrière plan, le paysage peint propulse les protagonistes dans une atmosphère curieusement coloriste qui les englobe et les isole au-devant de la scène. Les sujets semblent, alors, découpés aux ciseaux et flotter, portés par leur halo de lumière, sur des fonds polychromes. Le plasticien met de côté les disciplines récentes telles que la vidéo, l’image numérique ou l’installation. S’il nous parle d’effets spéciaux, ce sont ceux dessinés par le geste du pinceau sur la toile. Ce désir de retourner au médium classique de la peinture a pour rôle de démontrer sa perpétuelle capacité de nous enlever à notre réalité.

Claude Celli veut nous faire croire à ce qu’il a inventé. Les chemins vers lesquels il nous porte s’éloignent pourtant de toutes vérités pour nous enfermer dans des espaces emmurés. Les personnages nous visent de leurs armes, les héros s’envolent en fumée, nous devenons les cibles d’une société sans scrupule.

Les formes puisées dans l’imagerie des nouvelles technologies interagissent et s’associent aux visions inconscientes de l’artiste pour nous raconter l’histoire d’un univers en voie de numérisation.

Adèle Santocono, ISELP, Bruxelles, 2007.